Ji Sung et Billy Elliot — « Un spectacle dont nous avons profondément besoin »

Après avoir incarné, pendant quatre mois jusqu’en septembre dernier, un roi charismatique prônant l’unité et l’égalité dans le drama Kim Soo Ro,

Ji Sung a profité d’un moment de répit pour aller voir la comédie musicale Billy Elliot.

Dans ce spectacle, un jeune garçon nommé Billy danse sans relâche au milieu d’une famille brisée — un père et un frère mineurs en grève, une grand-mère perdue dans ses souvenirs.

Même après le lever de rideau final, Ji Sung est resté plongé dans l’émotion.

« J’étais curieux de voir comment les enfants allaient jouer »

“C’est un spectacle qui continue d’avoir un énorme succès à l’étranger.

J’en avais beaucoup entendu parler, et j’avais vu à la télévision le processus de sélection et d’entraînement des jeunes acteurs.

J’étais très curieux de voir comment ces enfants allaient jouer sur scène.

J’ai un voyage prévu à New York, et je compte bien aller le voir là-bas aussi.”

Ce qui a le plus éveillé la curiosité de Ji Sung, c’est bien sûr le jeu des acteurs.

Mais plus qu’une curiosité de professionnel, il s’agissait d’un véritable étonnement : il lui semblait difficile d’imaginer des adolescents capables de porter sur leurs épaules tout un spectacle d’une telle intensité.

“À vrai dire, je n’avais pas d’attentes particulières.

J’ai déjà vu beaucoup d’enfants jouer en tant qu’acteur moi-même,

et souvent, plus on en attend, plus on risque d’être déçu.

Mais là, j’ai été vraiment impressionné.

On sent qu’ils ont répété longtemps, qu’ils connaissent chaque regard, chaque geste, presque par cœur.

Et pourtant, rien ne sonnait faux.

Ce n’est pas une pièce facile à tenir d’un bout à l’autre,

mais ils y parviennent avec une énergie incroyable. C’est admirable.”

Ji Sung, qui venait d’assister à la performance du jeune acteur Im Sun-woo, apprend qu’il est le plus jeune interprète de Billy au monde, âgé seulement de dix ans, et en reste bouche bée.

Il ajoute alors :

“Pour eux, ce sera une expérience capitale dans leur vie d’acteur.

Ce n’est pas une œuvre qui se monte en peu de temps — elle est d’une qualité exceptionnelle.

Et en la recréant sur scène en Corée, les interprétations prennent un autre ton, une autre sensibilité.

Parmi ces enfants, certains rêvent sûrement de devenir acteurs :

je pense que ce genre d’expérience leur donnera un rêve, une force, une espérance.”

Les trois scènes qu’il n’oubliera pas

Ji Sung cite trois moments qu’il considère comme inoubliables :

“La scène où Billy parle avec sa mère décédée m’a vraiment serré le cœur.

Celle de l’Angry Dance est aussi inoubliable.

Et la confrontation entre les policiers et les mineurs en grève —

quelle mise en scène ! C’était d’une force incroyable.

Puissant, dynamique, terriblement vivant.

Je pense que beaucoup de spectateurs ont été aussi bouleversés que moi.”

« Vous risquez de me croiser souvent dans les salles de spectacle »

Depuis ses débuts dans le drama KAIST sur SBS,

Ji Sung a passé plus de dix ans à bâtir une carrière impressionnante :

The Age of Innocence, All In, Terms of Endearment, New Heart, Swallow the Sun, Kim Soo Ro…

Sans oublier ses rôles au cinéma dans Whistling Princess, Blood Rain et Fate,

où il a toujours su approfondir son jeu et varier ses personnages.

S’il n’est encore jamais monté sur scène pour une pièce ou une comédie musicale,

il reste un spectateur assidu, un véritable theater-goer.

“Je vais souvent voir des spectacles, qu’il s’agisse de théâtre ou de comédies musicales.

Mon jeu n’est pas forcément la vérité absolue —

il y a toujours quelque chose à apprendre en observant d’autres artistes.

J’assiste aussi à des concerts, pour voir comment les chanteurs conçoivent la mise en scène.

Quand j’organise un fan meeting au Japon,

j’aime imaginer moi-même la scénographie.

La dernière fois, j’avais voulu créer un moment autour de la musique.

J’ai même invité le chanteur Kim Bum-soo, et ce fut un instant merveilleux.

Grâce à la musique, on partage une émotion commune avec le public.”

Il mentionne plusieurs spectacles qu’il affectionne particulièrement :

les comédies musicales Laundry et Finding Kim Jong-wook,

ainsi que la pièce Oh! While You Were Sleeping, qu’il avoue avoir regardée en pleurant tout en riant.

En repensant aux productions internationales vues lors de ses tournages à Las Vegas pour All In et Swallow the Sun,

il raconte :

“J’ai vu presque tous les spectacles du Cirque du Soleil — O, KA, etc.

Et je me suis demandé : quand pourrons-nous, en Corée, créer un jour un spectacle d’une telle ampleur ?

J’aimerais que nos jeunes générations aient la chance de voir ces productions pour ouvrir leur horizon.

J’étais à la fois heureux et un peu envieux.”

“Même nous, les acteurs, nous nous interrogeons sur les scénarios trop extrêmes”

Il évoque ensuite la dérive actuelle des dramas et films coréens :

“Je comprends qu’il faille rechercher le succès commercial,

mais j’ai l’impression qu’on se concentre trop sur les histoires extrêmes, sensationnelles, les fameux makjang.

Les mélodrames simples ont disparu.

Les récits du quotidien — les liens familiaux, l’amitié, la vie ordinaire —

peuvent paraître banals, mais ils nous rappellent l’essentiel.

J’aimerais que les œuvres culturelles redonnent de la valeur à ces émotions-là.

En ce sens, Billy Elliot est exactement le genre de spectacle dont nous avons besoin aujourd’hui.”

“Les artistes, le public et les producteurs doivent avancer ensemble”

Ji Sung estime que l’amélioration du milieu artistique ne dépend pas d’un seul acteur du secteur :

“Ce n’est pas seulement le rôle des producteurs.

Le public, les comédiens, tout le monde doit avancer dans la même direction.

C’est ainsi que nous pourrons tracer une voie juste.”

Un retour à l’université et un projet ambitieux

Alors que beaucoup de célébrités s’inscrivent à l’université sans y assister réellement,

Ji Sung surprend tout le monde en décidant, en 2010, de reprendre des études à la faculté de théâtre et cinéma de l’Université Hanyang,

non pas en master, mais en licence, pour revenir aux bases.

“Depuis mes débuts, j’ai été très pris par le travail.

Entre les tournages et le service militaire, je n’ai jamais eu l’occasion d’étudier sérieusement.

Je me suis dit que ce serait utile de reprendre.

Et c’est un vrai plaisir !

Bon, ce n’est pas facile d’adapter mon emploi du temps, mais j’en suis heureux.”

À cette époque, il participe à l’organisation d’une pièce commémorative du 50ᵉ anniversaire du département de théâtre et cinéma de Hanyang : Hamlet,

où il s’occupe de la planification, de la communication et même de la création des affiches.

Il collabore avec Jung Il-woo et Yang Mi-ra, ses camarades et plus jeunes collègues.

Quand pourra-t-on le voir sur scène ?

Interrogé sur la possibilité de le voir un jour au théâtre, Ji Sung répond :

“J’aurais aimé rejoindre la série The Stage We Love de mon agence, Namoo Actors,

mais mon emploi du temps ne le permettait pas.

Et puis, je n’avais pas encore le courage.

Monter sur scène, même pour peu de temps, demande un vrai engagement.

Ce n’est pas quelque chose qu’on fait à la légère.

Mais oui, un jour, j’aimerais beaucoup tenter l’expérience.

Ce serait une nouvelle manière de me découvrir.

Et pourquoi pas une comédie musicale ? Je ne chante pas très bien,

mais si je m’entraîne, je peux y arriver, non ?” (rires)

Une fin pleine d’optimisme

Aucun projet précis n’était encore confirmé à ce moment-là,

mais il confie vouloir revenir prochainement avec une comédie romantique fraîche et lumineuse.

“J’aimerais vraiment revoir Billy Elliot.

C’est une œuvre qui me donne envie de retourner au théâtre.”

✍️ Texte : Hwang Sun-ah, journaliste – Magazine PlayDB (Interpark)

📸 Photos : Kijoon Seo – Studio Choon

📅 Publié le 11 novembre 2010

📍 LG Arts Center, Séoul

Traduction : Ji Sung France / article original