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[Good Friends] Une tragédie forgée dans l’amitié

L’amitié est souvent idéalisée. Beaucoup de films en proposent une version romancée. Mais Good Friends n’est pas un film romantique. Il décrit avec sincérité et honnêteté une tragédie profonde, forgée dans la force d’un lien amical intense.



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Pour les femmes, l’amitié entre hommes peut sembler mystérieuse, mais avoir de vieux amis reste sans aucun doute une bénédiction. Good Friends est un film sur de véritables « bons amis ». Pas dans un sens ironique ou paradoxal, mais dans toute sa simplicité. Pourtant, ce n’est pas une belle histoire sur la force de l’amitié. C’est un film noir qui montre comment une relation solide se transforme en une tragédie semblable à un piège dont on ne peut s’échapper.

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Hyun-tae (Ji Sung), pompier, est marié et père d’une petite fille. Ses deux amis les plus proches sont In-chul (Joo Ji-hoon), chef d’équipe dans une compagnie d’assurances, et Min-su (Lee Kwang-soo), propriétaire d’une supérette. Leur amitié est telle qu’ils offrent ensemble un cadeau d’anniversaire à la fille de Hyun-tae. Même adultes, ils restent insouciants : ils boivent jusqu’à l’ivresse et s’endorment les uns à côté des autres sans gêne. Trois hommes simples et ordinaires, dont rien ne semble pouvoir ébranler le lien. Pourtant, c’est un désir anodin de l’un d’eux qui ouvre la porte à la tragédie. Non pas par malveillance, mais par un excès de bonne volonté. Dans sa tentative de trouver une échappatoire à une crise personnelle, il entraîne ses amis avec lui. Mais son geste échoue totalement et provoque une erreur irréversible. L’amitié autrefois inébranlable commence alors à se fissurer.


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Good Friends raconte la tragédie qui frappe ces hommes ordinaires avec la violence d’un tsunami. Mais il ne s’agit pas d’un désastre venu de l’extérieur : c’est une catastrophe née de l’intérieur. Et l’ironie est que cette erreur ne découle pas de la haine, mais d’une bienveillance mal placée. Peu à peu, cette contradiction se transforme en un pathos immense. Le film ne cherche pas à briller par des effets spectaculaires ni par une mise en scène flamboyante. Sa force tient dans la sincérité et la rigueur de son récit. En présentant un cadre réaliste et des personnages ancrés dans le quotidien, il accumule des détails de fiction inspirés du réel et en exploite toutes les possibilités. Le résultat est une intensité palpable, une crédibilité qui emporte le spectateur. Face à certains films coréens récents, séduits par l’artifice de genre et l’esbroufe stylistique, cette œuvre marque un retour bienvenu à la sobriété et à la vérité.


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Mais ce sont surtout les acteurs qu’il faut saluer. Ici, le scénario et la mise en scène posent un cadre solide mais minimal, laissant aux comédiens la responsabilité de porter le film. Et ils livrent le meilleur d’eux-mêmes. Joo Ji-hoon, en particulier, impressionne au-delà de la « découverte » : c’est une véritable consécration. Il se fond tellement dans le personnage d’In-chul qu’on a l’impression de le voir vivre sous nos yeux. Avec son mélange de fanfaronnade et de fragilité, In-chul incarne toute l’ironie et le pathos du récit. Joo Ji-hoon en transmet le paradoxe avec une justesse telle qu’il captive totalement le spectateur. On peut dire sans exagérer que ce rôle compte parmi ses œuvres majeures.

De son côté, Lee Kwang-soo s’éloigne enfin de son image d’amuseur dans les émissions de variété et révèle toute sa puissance d’acteur. Quant à Ji Sung, il tient sa place avec une solidité tranquille, tel un rempart. Si Joo Ji-hoon est l’attaquant qui cherche le but, Lee Kwang-soo le milieu de terrain qui construit le jeu, Ji Sung est le défenseur qui assure la stabilité. L’équilibre entre les trois fonctionne parfaitement.


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Cependant, la nostalgie excessivement amplifiée de la fin, qui ressemble presque à un épilogue, semble inutile. Et le titre du film, qui rappelle trop celui du Goodfellas de Scorsese, peut sembler banal. Pourtant, après avoir vu le film, il est difficile de trouver un meilleur choix : c’est peut-être un titre tout simplement honnête. Personnellement, c’est un film que j’aimerais voir avec mes vieux amis. Je suis sûr que nous aurions beaucoup à en dire. Comme je l’ai déjà écrit, avoir de vieux amis est une chance. Mais les bonnes intentions ne mènent pas toujours à de bons résultats. La légèreté un peu immature des hommes a besoin d’un rappel qui les confronte à la réalité. Quoi qu’il en soit, rencontrer une œuvre qui connaît parfaitement son sujet et qui le traite avec lucidité est une vraie satisfaction. En un mot : ce film mérite d’être davantage reconnu.


Crédits

Éditeur : Min Yong-jun

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