Ji Sung : « Un homme qui a perdu ses parents à cause de ses amis… j’avais envie de pleurer »

[Interview] Dans le rôle de Hyuntae dans le film Good Friends… « Une œuvre qui parle des relations plutôt que d’une grande ‘amitié’ »

Publié le 1er juillet 2014

Dans le film Good Friends, Ji Sung incarne Hyuntae. Le 26 juin, à l’occasion d’une interview avec OhmyStar, il a posé pour des photos dans un café à Sinmun-ro, Séoul.

L'acteur Ji Sung, qui joue Hyun-tae dans le film « Good Friends », pose avant une interview avec Oh My Star dans un café de Shinmun-ro, à Séoul, l'après-midi du 26. (Lee Jung-min)

Contrairement à de nombreux films criminels récents où la violence excessive dominait, Good Friends s’attache avec intensité aux relations entre les personnages et à la ligne de leurs émotions. Le film raconte l’amitié brisée de trois amis de vingt ans. Ji Sung y interprète Hyuntae, un pompier qui ne montre pas facilement ses émotions et qui rumine ses conflits intérieurs. C’est un personnage difficile à incarner pour un acteur.

Hyuntae vit éloigné de ses parents, qui dirigent une salle de jeux illégale. Ses amis In-chul (interprété par Joo Ji-hoon) et Min-soo (Lee Kwang-soo) décident de provoquer un incendie volontaire. Leur intention était à la fois d’obtenir une indemnisation d’assurance et de réconcilier Hyuntae avec ses parents. Mais le plan échoue lorsque ces derniers périssent sur le coup dans l’incendie. Pour Hyuntae, qui veut trouver le coupable, le geste de ses amis devient un poids de plus en plus lourd. Pourtant, jamais il ne laisse transparaître ses doutes. La confiance et le soupçon coexistent en lui, révélant l’état d’esprit qu’il nourrit vis-à-vis de ses amis.

« Je me suis demandé comment insuffler de la vie à un personnage aussi frustrant que Hyuntae. J’étais aussi curieux de l’alchimie qui allait se créer avec Joo Ji-hoon et Lee Kwang-soo. Pour être honnête, même aujourd’hui, je ne sais pas si j’ai bien joué ou non. La seule certitude, c’est que j’ai exprimé les choses avec sincérité. Je voulais retranscrire l’être humain Hyuntae tel que je le ressentais.

Dans le film, son passé n’est pas expliqué en détail. On n’apprend pas vraiment pourquoi il a une épouse malentendante, ni quels événements il a vécus enfant. J’ai construit son personnage petit à petit, comme on cuisine ou qu’on fait le ménage à la maison. Quand je bloquais, je discutais longuement avec le réalisateur pour trouver des réponses. »

Ji Sung à propos de Hyuntae : « En jouant, j’avais envie de pleurer »

Ji Sung : Photo Lee Jung-min

« Après avoir pensé à Hyuntae une fois que tous les événements sont terminés, je me suis dit que c’était comme le sentiment qu’on éprouve après un très mauvais rêve. En jouant, j’avais vraiment envie de pleurer, mais comme je ne pouvais pas, j’ai ressenti une énorme frustration. »

Ji Sung définit Good Friends comme un film sur les relations. Même si le film adopte la forme d’un drame criminel, selon lui :

« Au final, ce n’est pas une œuvre qui parle d’une grande amitié ou loyauté, mais du lien qui relie des amis et de l’affection qu’on peut leur porter. »

Hyuntae, ce personnage si réservé, pressent l’amitié dévoyée de ses compagnons et mène l’enquête après la mort tragique de ses parents, sans jamais extérioriser ses sentiments. À mesure que ses émotions comprimées s’alourdissent dans la seconde partie, le spectateur est invité à se poser une question : étaient-ils vraiment de bons amis ?

« Trouver le coupable n’était pas le point le plus important. Je crois qu’Hyuntae avait la capacité d’englober et de pardonner ses amis. Penser à lui après la fin de toute l’histoire, c’était vraiment comme rester avec le goût amer d’un cauchemar. En jouant, j’ai eu envie de pleurer, mais je ne le pouvais pas, et cela m’a rendu très frustré. »

Pour incarner avec intensité les émotions de Hyuntae, Ji Sung devait d’abord devenir de « bons amis » avec Joo Ji-hoon et Lee Kwang-soo. Mais en réalité, il est leur aîné de 5 et 8 ans. Pour eux, il devait être difficile de se sentir à l’aise avec un tel hyung.

Ji Sung raconte :

« Comme je bois rarement de l’alcool, je partais souvent en premier pour ne pas leur imposer ma présence. Mais cela rendait l’ambiance bizarre. Finalement, pendant le tournage, on a souvent bu ensemble. »

Loin des rapports hiérarchiques habituels entre aînés et cadets, ils ont choisi de briser la glace et de se rapprocher franchement, ce qui a créé une synergie particulière. Ji Sung commente :

« Nos personnalités étaient toutes différentes, mais d’une manière étrange, elles se complétaient. »

Un tournage vécu comme un traumatisme… qu’il surmonte en renforçant son art

Ji Sung : Photo Lee Jung-min

« Quand la proposition pour Good Friends est arrivée, je n’avais aucune raison de refuser. Certains disaient que le rôle ressemblait à ce que j’avais déjà montré, mais je pense justement qu’il est préférable de faire ce dans quoi on est bon. »

Contrairement à sa carrière télévisée où il a progressivement construit sa place avec des dramas comme New Heart, Protect the Boss, The Great Seer ou Secret, Ji Sung a eu plus de mal à s’imposer au cinéma. Après Whistling Princess (2002), il a tourné Blood Rain (2005), puis My PS Partner (2012), avec de longues pauses entre chaque film. Good Friends marquait là encore un retour au cinéma après deux ans.

« Ce n’était pas volontaire, simplement les opportunités n’étaient pas nombreuses, et parfois le timing ne convenait pas. En fait, Whistling Princess n’était pas un projet que je voulais vraiment faire. J’ai dit dans une autre interview que je n’avais aucun regret dans ma carrière, mais je me rends compte qu’en réalité, si. J’étais débutant, je devais attendre d’être choisi, et je me suis retrouvé à tourner un film que je n’aimais pas, devant toute l’équipe. C’était très difficile. Et comme ce film n’a pas marché, le cinéma m’a paru comme un mur infranchissable.

Je me suis dit qu’il fallait que je m’entraîne davantage et que je revienne plus tard. Après mon service militaire, j’ai abordé les tournages avec plus de décontraction, ce qui m’a donné plus de place à l’écran. Les dramas se sont multipliés et mon emploi du temps ne me permettait pas de tourner beaucoup de films. Mais quand Good Friends est arrivé, je n’avais aucune raison de dire non. On disait que ce rôle ressemblait à mes personnages précédents, mais je pense que c’est justement dans ce genre de rôles que je pouvais donner le meilleur. »

« Je veux jouer de façon instinctive »

Ji Sung : Photo Lee Jung-min

Après 16 ans de carrière, Ji Sung reconnaît qu’il se sent encore « très imparfait ». Sa philosophie est claire :

« Je ne veux pas approcher un rôle de manière trop technique. Je veux jouer de façon instinctive. »

Il précise :

« Quand je parle de jeu instinctif, c’est que je veux en parler sérieusement quand j’aurai encore plus appris et accumulé plus de profondeur. Je ne veux pas faire semblant. Si je ne sais pas exprimer la tristesse, je ne veux pas non plus faire semblant d’être triste. Bien sûr que je sais quels types de rôles me conviennent le mieux, j’en ai déjà beaucoup vu. Mais je ne veux pas me tenir à côté de ça juste pour faire comme si. Je ne cherche pas spécialement les éloges. Le moment venu, je veux montrer ce que je suis capable de faire et recevoir une récompense parce que je le mérite vraiment. En attendant, je continue de me préparer en travaillant ma profondeur intérieure. » Article de Lee Sun-pil , photos de Lee Jung-min

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